Madeleine de Verchères

(1678-1747)

François-Xavier Jarret, arrivé en 1665 avec le régiment de Carignan-Salières,
fonde en 1672 la seigneurie de Verchères,
qui fut l'une des plus exposées aux attaques iroquoises.

Aussi, il fit élever un fort autour de son manoir et de ses bâtiments.
Un fort destiné à protéger ses biens, sa famille et ses censitaires
des attaques des Iroquois qui étaient très fréquentes.
Dans cette palissade, il n'y avait qu'une seule porte qui donnait sur le fleuve.

Madeleine Jarret de Verchères naquit sur la seigneurie de son père en 1678.
Le seigneur de Verchères, enseigne au régiment de Carignan,
prenait part aux manoeuvres militaires mais gérait aussi son domaine,
ses bêtes et ses cultures comme la plupart des Français
installés en Nouvelle-France à cette époque.

Les Iroquois étaient des champions des attaques sournoises et sanglantes.
Ils s'acharnaient sur cette famille pourtant paisible:
déjà les deux frères aînés de Madeleine s'étaient fait tuer lors d'une précédente attaque.
Plusieurs fois, en l'absence de son mari, la mère de Madeleine, Marie,
avait repoussé les attaques iroquoises avec l'aide de quelques hommes.
Il fallait être prêt à tout et défendre sa vie chèrement.
Hommes et femmes, jeunes ou vieux, n'étaient jamais sûrs de rien.

En 1690, Marie Perrot défendit pendant deux jours le fort de Verchères.
Madeleine de Verchères avait été témoin de la bravoure de sa mère.
Elle sut maintenir la tradition quand, le 27 octobre 1692, âgée de quatorze ans,

elle accomplit l'acte héroïque qui l'a immortalisée.

Sa mère est partie à Montréal; son père a été appelé à Québec.
Il n'y a à l'intérieur des palissades que des femmes
et des enfants et un seul soldat qui veille.
Une vingtaine d'habitants sont occupés aux travaux des champs des alentours.

Dans les buissons, des Iroquois sont cachés.
Ils observent sans bruit les gens qui vaquent tranquillement à leurs occupations.
Soudain, un cri retentit. Un Iroquois se précipite sur Madeleine et l'attrape par le fichu.

Vive comme l'éclair et avec une étonnante présence d'esprit,
Madeleine dénoue son fichu et court vers le fort en criant : Aux armes !

Elle referme la porte derrière elle et, négligeant les cris des femmes
dont les maris sont restés en dehors de la palissade,
grimpe sur le bastion où se tient la sentinelle.
Sans se démonter un instant elle prend les choses en main : elle coiffe un chapeau d'homme
et se déplace rapidement pour donner l'illusion d'un va-et-vient de plusieurs personnes.

Elle mobilise ses petits frères qui font comme elle
et elle fait tirer un coup de canon qui épouvante les assaillants.
C'est aussi une façon d'alerter les autres forts et habitations
qui ponctuaient les rives du Saint-Laurent jusqu'à Montréal,
espérant qu'on comprendrait son appel à l'aide.

Elle a dû défendre pendant 8 jours le fort de Verchères devant l'attaque des envahisseurs iroquois.

Avec leurs prisonniers, les Iroquois se retirent.
Le secours finit par arriver des forts voisins.
Les habitants du fort de Verchères sont saufs, pour le moment,
grâce à la ruse de la jeune Madeleine.
L'histoire de son fichu fait le tour de la colonie et du pays.
On n'est pas près de l'oublier et toutes les jeunes filles
qui nouent un fichu sur leurs épaules y pensent encore aujourd'hui.

Et dans les cours d'école, l'hiver, les enfants construisent,
pendant les récréations, le fort de Madeleine de Verchères !

En 1706, Marie-Madeleine Jarret de Verchères épouse Pierre Thomas Tarieu de la Naudière,
sieur de la Pérade. Le couple eut 5 enfants.
Madeleine de Verchères aura, au cours de sa vie, l'occasion de sauver la vie de son mari,
à deux reprises, contre l'attaque des Iroquois.



Aujourd'hui on peut admirer la statue du sculpteur Louis-Philippe Hébert,
immortalisant l'exploit de Madeleine de Verchères.
Inauguré le 21 septembre 1913 le monument se dresse fièrement
sur la rive du Saint-Laurent à Verchères.
Cette statue serait le plus gros bronze au Canada.

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