Louis de Buade
comte de Frontenac

1622-1698

Louis de Buade, comte de Palluau et de Frontenac naît à Saint-Germain-en-Laye, en 1622.
Louis XIII accepte d'être son parrain.

À dix-sept ans, muni du grade de capitaine, il fait ses premières armes,
devient colonel de cavalerie au régiment de Normandie durant onze ans,
servant successivement en Flandre, en Allemagne, en Italie; en 1646,
à la bataille d'Orbetello, il est maître de camp au régiment de Navarre
et a un bras cassé : blessure dont il ne guérit jamais complètement.

Le 6 avril 1672, M. de Frontenac est promu gouverneur et lieutenant général de la Nouvelle-France.
Dans ses provisions, le roi déclare que
« M. de Frontenac a donné plusieurs preuves de son expérience et de sa valeur »,
et qu'il a « toutes les qualités nécessaires pour s'acquitter dignement des devoirs de sa charge».

L'entreprise la plus glorieuse a lieu au début de son gouvernement :
la découverte du Mississipi par Louis Jolliet et le Père Marquette.
Puis, la construction d'un fort sur le lac Ontario le préoccupe, dès les premiers mois de 1673.
En quinze jours le fort est construit.
M. de La Salle ne tarde point à lui donner le nom de Fort Frontenac (Kingston aujourd'hui).

À l'époque de l'administration de M.de Frontenac, existent deux questions vitales :
celle de la traite des pelleteries et celle des coureurs de bois;
une troisième s'y rattache étroitement, la traite des spiritueux avec les Indiens.
La première, qui est le seul échange des marchandises de France,
constitue la base de la vie publique et du commerce.

En ce qui concerne les découvertes, il faut énumérer celles de Marquette et de Jolliet,
de Cavelier de La Salle, de Dulhut, de Radisson et Des Groseilliers.
Le gouverneur nomme commandant de l'Acadie M. de La Vallière,
entretient des relations avec les Bostonnais, assure l'alliance avec les Abénaquis,
maintient la paix avec les Iroquois par les missionnaires jésuites et par sa politique personnelle.

Après un interrègne de sept années, le comte revient en Nouvelle-France le 15 octobre 1689.

Frontenac organise la défense : il fait réoccuper d'urgence le fort qui porte son nom
(lequel avait été capturé par les Anglais)
et fait exécuter des travaux de fortification à Montréal, à Québec, dans les côtes.
La Nouvelle-France est ainsi mis en état de subir les surprises en armes.

Au début de 1690, le gouverneur organise trois partis de guerre contre les Anglais :
l'un à Ville-Marie, sous les ordres des sieurs de Sainte-Hélène et d'Ailleboust de Mantet
l'autre aux Trois-Rivières, commandé par le sieur Hertel de Rouville;
le troisième à Québec, sous la conduite du sieur de Portneuf.

Surpris et décimés, les Anglais concertent aussitôt contre la Nouvelle-France
un plan de campagne par terre et par mer.
L'amiral Phipps s'empare de Pentagouët et de Port-Royal dont il viole les articles de capitulation,
tandis que l'expédition partie de New-York contre Ville-Marie échoue et se débande sur le lac Champlain.

Mais la flotte énorme de Phipps remonte le fleuve

et vient assiéger Québec en automne, le 16 octobre 1690.

M. de Frontenac, prévenu à temps, organise en hâte la résistance
avec l'unanimité de sentiment des défenseurs de la colonie.
L'amiral anglais a à peine jeté l'ancre qu'il envoie au gouverneur un parlementaire
portant une sommation qu'il a rédigée d'avance.
On lui bande les yeux jusqu'au Château, où, ce bandeau tombé, il se voit entouré d'officiers armés,
du gouverneur, de l'évêque, et de l'intendant.

Le délégué officiel présente l'ultimatum...

« au nom de leurs Majestés Guillaume III et Marie, roi et reine d'Angleterre »,
au nom de Phipps, qui vient venger les insultes faites sans provocation aux Anglais,
désireux « d'éviter des actions inhumaines et anti christianisme »,
invitant Frontenac à se rendre sans combat et se réservant alors le droit de lui « pardonner ».
En cas de refus, il entend par force d'armes venger tous les torts et injures des Français :
il termine ainsi la sommation :

« Votre réponse positive dans une heure, rendue par votre trompette avec le retour du mien,
est ce que je vous demande, sur le péril qui pourra s'en suivre. »
Et l'Anglais, tire une montre de sa poche, en fait voir l'heure au gouverneur.

Celui-ci répond sans délai :
Je ne connais pas votre roi Guillaume,
usurpateur qui a violé les droits les plus sacrés du sang
en voulant détrôner Jacques II, son beau-père.

Quant à votre général ...

"Qu'il sache que je n'ai pas de réponse à lui faire que par la bouche de mes canons et à coups de fusil."

Qu'il apprenne que ce n'est pas de la sorte qu'on envoie sommer un homme tel que moi et,
quand je voudrais me rendre, tous ces braves officiers que vous voyez, n'y consentiraient jamais.

Survint M. de Callières avec les renforts de Montréal, le lendemain 17 octobre.
Le 18, débarquement des Anglais à Beauport, pendant que quatre de leurs navires bombardent Québec :
ils échouent dans les deux attaques.
Durant trois jours, nouveaux engagements à la côte de Beauport : puis a lieu l'échange des prisonniers.
Phipps déguerpit, pour ne plus jamais revenir.

En 1691, les colons de New York et les Iroquois menacent à nouveau la Nouvelle-France.
Un fort groupe de guerriers vient camper à l'embouchure de l'Ottawa, auprès de Montréal,
désolant les campagnes environnantes.
M. de Vaudreuil cerne une maison, y met le feu et tue ceux qui s'y sont réfugiés.
En juillet, le parti disparaît soudainement.

Mais un autre, composé d'Anglo-Agniers se présente à la prairie de la Madeleine :
M. de Varennes le taille en pièces.
En 1693, les Iroquois reviennent devant Montréal et M. de Callières marche contre eux et les chasse.

En 1696, M. de Frontenac porte la guerre chez la tribu iroquoise des Onnontagués.
L'armée se compose d'environ 1800 Français et de 500 Indiens de Sillery et du Saut :
elle s'embarque sur les canots à Lachine, le 4 juillet, et arrive en douze jours au fort Frontenac.
De là, elle traverse le lac Ontario pour pénétrer dans la rivière des ennemis.
Dans les portages, les Indiens portent le canot d'où le gouverneur dirige l'expédition.
Le 4 août, l'on est en vue des villages, que les Onnontagués avaient fui vers les tribus du voisinage,
laissant la moisson inachevée; l'armée se borne à piller, à incendier, à ravager les champs;
on veut « réduire l'ennemi à mourir de faim ou à accepter la paix aux conditions qu'on lui imposerait ».

Le 22 novembre 1698, Frontenac appelle deux notaires pour rédiger son testament.

Le grand gouverneur meurt à Québec le 28 novembre 1698.

En 1701, les envahisseurs iroquois étant tranquillisés,
ils sont contraints de signer la Grande Paix de Montréal.